Principes et procédures pour la dénomination des lieux
Principes directeurs de la Commission de toponymie de l’°ÄĂĹÓŔŔű. Ces principes Ă©clairent les dĂ©cisions de la Commission puisqu’ils servent Ă normaliser la terminologie des noms gĂ©ographiques de la province.
1. Introduction
Les noms géographiques – ou toponymes – sont le résultat de l’interaction entre les êtres humains et les terres qu’ils occupent. À mesure que les civilisations cherchent à établir une relation avec leur milieu naturel, elles attribuent des noms aux éléments géographiques pour faciliter leur identification et leur désignation. Des noms peuvent être attribués pour commémorer de grands personnages ou d’importants événements, et chaque nom témoigne des siècles d’exploration et de colonisation de nos terres, ainsi que de la diversité de nos origines culturelles. Utilisés pendant des milliers d’années surtout aux fins de navigation, les noms communiquent également de l’information cruciale sur le paysage environnant, notamment la distribution de nos ressources naturelles. Ils suscitent l’intérêt du public et permettent aux générations futures de conserver des liens avec le passé. Les toponymes constituent ainsi un élément important du patrimoine culturel des Ontariennes et Ontariens.
1.1 Noms géographiques officiels
À mesure que les colonies de peuplement au Canada ont augmenté, le besoin de d’établir un organisme responsable de l’enregistrement et de la diffusion de l’information relative aux noms géographiques s’est fait sentir. Fondée en 1897, la Commission de toponymie du Canada a commencé à uniformiser et à officialiser la nomenclature géographique du pays. Les bureaux de poste et les gares ferroviaires étaient généralement désignés par des noms courts et non ambigus pour réduire les coûts d’administration et éviter toute confusion de nom. On a commencé par la suite à afficher les noms de lieux et d’entités sur des cartes géographiques, des panneaux indicateurs et des publications pour faciliter la communication. À mesure que le pays s’est développé, les différences régionales et locales se sont intensifiées, et la responsabilité de la désignation des noms géographiques et bien d’autres fonctions gouvernementales ont été transférées aux provinces et par la suite aux territoires. Dans certains territoires de compétence, la langue et la culture étaient des facteurs aussi importants de désignation de noms officiels que les besoins de navigation.
L’°ÄĂĹÓŔŔű est un bel exemple de province canadienne marquĂ©e par une diversitĂ© culturelle dynamique. La province possède une histoire riche et diversifiĂ©e surtout en matière d’attribution de noms. Les noms officiels en °ÄĂĹÓŔŔű montrent bien l’importance Ă©gale et particulière des diffĂ©rents groupes qui ont contribuĂ© au dĂ©veloppement de la province, notamment les Premières nations, les premiers arrivants sur cette terre et dont les noms tĂ©moignent des liens Ă©troits qu’ils ont Ă©tablis avec celles-ci depuis des milliers d’annĂ©es, ainsi que les collectivitĂ©s francophones et anglophones dont l’histoire remonte au dĂ©but des annĂ©es 1600 dans notre province.
1.2 La commission de toponymie de l’°ÄĂĹÓŔŔű
L’adoption de la Loi sur la Commission de toponymie de l’°ÄĂĹÓŔŔű en 1968 par l’AssemblĂ©e lĂ©gislative de la province de l’°ÄĂĹÓŔŔű a entraĂ®nĂ© la fondation du premier organisme indĂ©pendant de dĂ©signation et de gestion des noms gĂ©ographiques de la province. La Commission recueille, consigne et diffuse l’information concernant les noms des lieux et des particularitĂ©s gĂ©ographiques de l’°ÄĂĹÓŔŔű, recommande au ministre des Richesses naturelles, pour son approbation, les noms Ă donner aux particularitĂ©s gĂ©ographiques et enregistre les noms des lieux approuvĂ©s. La Commission consigne Ă©galement les noms de sites gĂ©ographiques et de certaines entitĂ©s culturelles qui sont approuvĂ©s par d’autres autoritĂ©s de dĂ©signation toponymique, notamment les noms de municipalitĂ©s, de parcs provinciaux, de cantons gĂ©ographiques, de terres des Premières nations, ainsi que les noms attribuĂ©s par le gouvernement fĂ©dĂ©ral comme ceux des bureaux de poste, des gares ferroviaires, des parcs nationaux et des bases militaires. La Commission n’enregistre toutefois pas le nom d’autres entitĂ©s culturelles telles les routes, les sentiers, les barrages, mais elle peut offrir des avis en matière de toponymie et d’attribution de noms gĂ©ographiques en gĂ©nĂ©ral.
Les noms recommandés par la Commission, approuvés par le ministre des Richesses naturelles et consignés par la Commission sur des cartes et des indices géographiques ou toute autre publication connexe provinciales et fédérales sont officiels.
2. Principes de désignation toponymique
Les dĂ©cisions prises et les recommandations faites par la Commission de toponymie de l’°ÄĂĹÓŔŔű sont guidĂ©es par des principes de longue date dont l’application Ă des recommandations de dĂ©signation est modĂ©rĂ©e par l’opinion collective de la Commission. De nombreux principes de la Commission ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©s avec le temps en fonction de règles nationales et internationales d’attribution de noms, et tiennent compte souvent de l’importance d’une communication rapide et efficace et des besoins et des traditions des diffĂ©rents groupes culturels de la province.
2.1 Principaux principes
Les décisions de la Commission sont guidées par les principaux principes suivants, qui prévalent sur tout autre principe, sauf pour des motifs convaincants.
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Le principe d’univocité consiste à ne reconnaître, à une période précise et dans une langue donnée, qu’un seul nom officiel pour une entité géographique. Il s’agit d’un principe international entériné lors de la première Conférence des Nations Unies sur la normalisation des noms géographiques (1967). La Commission, qui souscrit au principe d’univocité, s’efforce de veiller à ce qu’aucune entité géographique sous son autorité ne soit connue sous plus d’un nom officiel à une période précise et dans une langue donnée. Si plusieurs langues sont utilisées, un nom peut être officiellement reconnu dans chacune d’elles (Voir 2.5).
2.3 Usage local actuel
Un nom d’usage local est un nom utilisé dans la région associée à l’entité géographique. La Commission favorisera le choix d’un nom bien établi dans son usage local actuel. Pour une communication plus efficace et plus rapide, surtout en ce qui concerne les cartes, les panneaux indicateurs et les publications, la Commission souscrit au principe d’un seul nom pour une entité géographique, à un moment précis, dans une langue donnée (univocité). Si plus d’un nom est utilisé pour désigner une entité géographique dans une langue donnée, la Commission choisira habituellement le nom qui, selon elle, est le plus répandu et le mieux établi dans son usage local actuel depuis au moins 20 ans, et ce, conformément aux autres principes de la Commission.
2.4 Usage courant actuel
Un nom d’usage courant est utilisé au-delà de la région associée à l’entité géographique. En l’absence d’un nom d’usage local, la Commission favorisera le choix d’un nom bien établi dans son usage courant actuel.
2.5 Noms multiples dans différentes langues
L’attribution de deux noms ou d’un nom parallèle vise Ă souligner la place importante qu’occupent les peuples qui ont contribuĂ© Ă former notre province, premièrement les Premières nations, puis les colons français et anglais. Dans les faits, les entitĂ©s gĂ©ographiques de l’°ÄĂĹÓŔŔű sont parfois connues sous diffĂ©rents noms dans diffĂ©rentes langues. Lorsque deux noms ou plus sont utilisĂ©s dans diffĂ©rentes langues pour nommer la mĂŞme entitĂ© gĂ©ographique, la Commission peut envisager d’adopter les deux noms ou plus.
- Nom officiel et nom officiel parallèle.
- Si l’un des noms est localement plus usité que l’autre, il sera normalement proposé comme nom officiel, tandis que l’autre sera proposé comme nom officiel parallèle.
- Les noms officiels parallèles indiqués sur des cartes géographiques sont généralement inscrits entre parenthèses à coté ou sous le nom officiel – si l’espace le permet.
- Noms doubles
- Si l’usage des deux désignations est à peu près le même, la Commission peut envisager de les combiner en un nom unique (séparés par une barre oblique). Étant donné que différentes parties du nom unique jouissent d’un statut égal, ce processus est conforme au principe international d’univocité : un seul nom pour un seul lieu. La Commission applique avec prudence ce principe.
- Dans des cas exceptionnels ou lorsque le remplacement complet d’un nom peut porter Ă confusion, surtout en cas d’urgence, l’utilisation des deux noms peut ĂŞtre recommandĂ©e dans les rĂ©gions oĂą l’usage local ou commun actuel d’un nom est relativement peu rĂ©pandu, mais dont les noms Ă©tablis communĂ©ment ou localement sont consignĂ©s sur les cartes gĂ©ographiques et dans des publications de la collectivitĂ© linguistique dominante ou ont une signification spĂ©ciale et (ou) extraordinaire pour une autre collectivitĂ© linguistique de la province, p. ex., les noms des Premières nations et les noms en français sur les premières cartes d’exploration gĂ©ographiques en anglais de l’°ÄĂĹÓŔŔű; les noms des sites spirituels des Premières nations; les noms donnĂ©s Ă des particularitĂ©s gĂ©ographiques qui commĂ©morent, par exemple, des victimes de guerres mondiales.
- En guise de reconnaissance des premiers arrivés, la Commission inscrit généralement le nom attribué par une Première nation en premier lorsque deux noms sont utilisés.
2.6 Désignation toponymique lorsqu’aucun nom local n’a été bien établi au cours des 20 dernières années
Il est parfois nécessaire d’attribuer de nouveaux noms dans des cas exceptionnels, par exemple la mise en œuvre de systèmes de services d’urgence 911. Si la Commission reconnaît l’importance d’attribuer un nom officiel, mais que le nom proposé ne respecte pas les principes mentionnés plus haut, elle envisagera de nommer les entités géographiques selon les principes suivants dans l’ordre indiqué ci-dessous :
- Nom donné à l’origine par une Première nation à la particularité ou au site géographique en
- Nom qui décrit l’entité géographique et dont l’usage local est bien établi.
- Rétablissement d’un nom évoqué dans les documents historiques ou perpétué par la tradition;
- Nom qui rappelle un événement historique ou une tradition directement associée à l’entité géographique;
- Nom qui perpétue le souvenir d’une personne (voir section 3.1 ci-dessous).
3. Noms commémorant des personnes
La Commission recommande et approuve l’utilisation de noms commémorant des personnes en fonction des considérations suivantes :
3.1 Patrimoine régional
La Commission envisagera de donner à une entité géographique le nom d’une personne ayant fortement contribué au patrimoine de la région dans laquelle se situe l’entité.
3.2 Patrimoine provincial
La Commission envisagera de donner à une entité géographique le nom d’une personne ayant fortement contribué au patrimoine de la province.
3.3 Patrimoine national
La Commission envisagera de donner à une entité géographique le nom d’une personne ayant fortement contribué au patrimoine national.
3.4 Services rendus au pays
La Commission envisagera de donner à une entité géographique le nom d’un Ontarien ou d’une Ontarienne ayant perdu la vie lors d’une guerre ou d’une opération de maintien de la paix à l’étranger.
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La Commission s'efforcera de veiller à ce que la désignation commémorative recueille l’appui de la population locale ou du grand public et réponde à l’intérêt municipal, provincial ou national, selon le cas.
3.6 Personnes vivantes
La Commission n’approuve pas l’utilisation de noms commémorant des personnes vivantes.
3.7 Personnes décédées
Une personne doit être décédée depuis au moins cinq ans avant que la Commission n’examine une proposition de désignation commémorative en son nom.
3.8 Victimes d’accidents ou de catastrophes
Le nom d’une victime d’accident ou de catastrophe ne sera utilisé comme désignation commémorative que si la personne a contribué au patrimoine régional (3.1), au patrimoine provincial (3.2), au patrimoine national (3.3) ou est morte pour le pays (3.4).
3.9 Limitations relatives aux noms commémorant des personnes
L’utilisation du nom d’une personne comme désignation commémorative ne sera pas envisagée si :
- l’entité possède déjà un nom bien établi;
- le nom de la personne dĂ©signe dĂ©jĂ une entitĂ© ou un lieu gĂ©ographique en °ÄĂĹÓŔŔű.
4. Noms commémorant des événements
La Commission recommande et approuve l’utilisation de noms commémorant des événements en fonction des considérations suivantes :
4.1 Importance pour la région, la province ou le pays
La Commission envisagera de donner à une entité géographique un nom commémorant un événement important pour
- la région;
- la province;
- le pays.
4.2 Temps écoulé
Il doit s'être écoulé dix ans depuis un événement pour que la Commission examine une proposition de désignation le commémorant.
4.3 Limitations relatives aux noms commémorant des événements
L’utilisation de noms commémorant un événement comme désignation commémorative ne sera pas envisagée si :
- l’entité possède déjà un nom bien établi;
- le nom de l’évĂ©nement dĂ©signe dĂ©jĂ une entitĂ© ou un lieu gĂ©ographique en °ÄĂĹÓŔŔű.
5. Autres principes
La Commission recommande et approuve l’utilisation de noms en fonction des considérations suivantes :
5.1 Propriété foncière
La Commission ne considère pas que la propriété foncière en soi soit une raison suffisante pour promouvoir l’adoption d’un nom pour une entité géographique.
5.2 Noms inadmissibles
La Commission ne recommandera pas un nom :
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- pouvant être interprété comme étant une publicité ou comme favorisant une entreprise ou un produit commercial.
5.3 Orthographe
La Commission veillera à ce que l’orthographe et l’accentuation des noms géographiques respectent les règles de la langue dans laquelle ils sont écrits. Les exceptions à cette règle seront correctement documentées. Si aucune orthographe uniformisée n’existe dans une langue donnée pour une entité géographique, la Commission peut recommander l’approbation de l’orthographe sanctionnée par la collectivité et l’administration locales.
5.4 Double emploi de noms
La Commission s'efforcera d’éviter le double emploi de noms pour des entités géographiques différentes, mais qui sont suffisamment rapprochées pour créer une confusion.
5.5 Entités complexes
La Commission peut envisager l’adoption de noms différents pour les diverses parties ou agrandissements de ce qui peut être considéré comme une entité géographique unique.
5.6 Termes distinctifs
Un nom peut ĂŞtre source de confusion si :
- il a été donné à au moins deux entités géographiques du même type, dans ce qu'on considère comme étant la même région géographique;
- il est utilisé comme un nom unique pour une entité géographique complexe constituée de parties séparées. Dans ces cas, la Commission peut envisager de modifier le nom en y ajoutant un terme distinctif approprié (p. ex. : haut, bas, grand, petit).